Blackstone, cette ville où nous avions tous été enfermés pour ce que nous étions. Mais Charli n’avait rien à voir avec nous, avec ce que nous étions. Et pourtant, il était là, à Blackstone, enfermé avec des dizaines et des dizaines de créatures surnaturelles, des dizaines et des dizaines de vampires assoiffés de sang. Il était là alors qu’il ne savait que peu de choses de ce monde. Charli avait pour qualité de ne pas poser trop de questions : il se contentait du minimum et acceptait de vivre dans l’ignorance. Mais je suppose, qu’après des années à nos côtés, il avait fini par comprendre certaines choses. Charli ne posait pas de questions en temps normal mais il en posa bien plus une fois projeté dans ce monde. Des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre et qu’il s’entêta de me poser pendant une heure, alors que nous déjeunions ensemble. Suite à cette heure d’interrogatoire concernant ce monde, mes différences, celles de ma famille, les meurtres à répétitions […], il me proposa de me déposer chez moi, devant retourner travailler.  Je déclinai sa proposition en lui expliquant que j’avais déjà prévu de rester dans les allants-tours encore quelques heures pour voir un de ses collègues : Silas. « Edward et Bella sont au courant ? T’es pas un peu jeune pour lui ? » m’interrogea-t-il, surpris que je passe l’après-midi hors de chez moi alors que j’avais passé ma vie à me cacher des humains. Allez expliquer à votre grand-père qui a connu la vie amoureuse mouvementée de sa fille, qu’il n’a pas à s’inquiéter. Silas n’était qu’un… ami. Il n’y avait rien de romantique entre Silas et moi, vraiment rien. Mais il était drôle et surtout, il ne faisait pas partie pas parti de ma famille, ni des amis de ma famille. C’était quelqu’un en dehors. Non pas que j’avais quelque chose à leur cacher mais j’aimais l’idée de sortir de ce cercle et de découvrir d’autres personnes. Je comprenais que personne ne soit heureux d’être ici mais, contrairement aux autres, je me sentais un peu plus libre dans cette ville. Je n’avais pas besoin de me cacher des humains et pouvais sortir comme je voulais. Enfin, pas totalement puisque l’on avait peur de la réaction des vampires face à moi lorsque le sang commencerait à manquer.

J’embrassai mon grand-père et quittai le petit restaurant dans lequel nous étions. Je sentis son regard me suivre alors que je traversais la route et disparaissais de son champ de vision. Il ne me fallut que quelques minutes pour arriver sur la grande place du centre-ville et rejoindre le banc fixé.

J'ai besoin d'une pause. Really.  J'en viens à me demander l'utilité de tout ça. Ma fille soudainement réapparue après trente ans m'évite comme c'est pas permis. Ma sœur et mon neveu sont injoignables. Et pour moi qui ne supporte pas de ne pas les avoir sous les yeux pendant dix minutes, c'est insupportable. Et y a cette maudite ville qui attends patiemment que quelque chose ne se passe. Parce que chouette, on est enfermés, et chouette, on va pas mettre dix ans à crever la dalle, mais sinon ça rime à quoi ce bordel? Bref, moi, de mauvais poil? Possible. Et pourtant, la couleur sombre de mes yeux n'est due qu'aux lentilles sans lesquelles je ne sors jamais. En dessous, ils sont légèrement bordeaux, ça fait une semaine que j'ai rien mangé, mais je peux encore en tenir une de plus sans problème.

L'arrivée de Renesmée me met de meilleure humeur. C'est la première personne que j'ai rencontré à mon arrivée à Forks, ce qui parait être une éternité alors qu'il n'y a en fait que quelques mois, et une tête connue ici que j'apprécie grandement de revoir à chacune de nos rencontres. Amoureux? Elle a quasi l'âge de ma fille, sérieusement!
Je me relève du banc pour l'accueillir, glissant un bras dans son dos alors que je lui fait la bise, avant de la relâcher et lui proposer d'un geste de s'installer à mes cotés.

"Alors, quoi de neuf la belle?"

Aux dernières nouvelles, c'était le bordel dans sa famille. Même si elle n'avait pas les détails, ou pas l'envie de les évoquer avec moi. J'compte pas ouvrir une enquête sur les Cullen. Elle veut me parler, elle me parle, elle veut pas, elle parle pas. J'pense que c'est une des premières règles de la confiance, savoir que l'autre n'ira pas pêcher plus loin que la longueur de la canne qu'on lui donne.

La vérité, c'est que j'adore Silas. Je me sens libre avec lui. Je suis a chaque fois heureuse de le revoir. La cela ne change pas, je pars le retrouver avec une joie immense dans mon coeur. J'aime sortir de ce cercle. Voir d'autre gens puis avoir quelque chose comme une adolescence normale.
Je me force à marcher normale, même si l'envie de courir le retrouver me brûle tout mon être. Je marche donc vers le point de rendez-vous. Le vent s'amusant avec ma chevelure et le sang qui coule dans mes veines à moitié humaines me donne un teint vraiment magnifique et cela se voit dans mon visage, j'en suis certaine.
J'arrive enfin et viens le saluer. Je sens ces mains sur mon dos, j'aime cette sensation, j'aime être proche de lui, je prends un véritable plaisir de le voir a chaque fois. Suis-je amoureuse peut être bien, je suis la promise de Jake mais personne ne ma demandais mon avis à moi, Silas je l'aime bien il me fait rire, me rend libre, puis c'est un vampire tout comme moi même si je suis a moitié mortelle.
Il fini par relâcher son calin et m'inviter a prendre place. J'aurais tellement aimé qu'il n'arrête pas, je me sens tellement en sécurité dans ces bras.

- Tu ma manquer mon tout beau

Spoiler:

Je lui souris en réponse à sa déclaration. Un brin amusé également. Il y a belle lurette qu'on ne m'a pas fait de compliments sur mon physique, et je ne les cherche pas non plus. Une liaison quelconque? Essayez avec trois gosses à charge. Depuis ma transformation et le meurtre de mon épouse - pour lequel j'éprouve toujours aussi peu de remords, même si je me suis bien gardé d'en parler à Gwen -, ma vie a tourné autour de ma fille, puis de ma sœur et de mon neveu. De mon boulot aussi. Pas de temps à consacrer à une autre personne, qui finirait immanquablement par me quitter parce que je ne suis pas assez présent et je garde trop de secrets. Je connais la musique. Mon ex-femme et moi, on s'est appréciés le temps que Gwen apprenne à marcher, et encore. Après, ça n'a été que couteaux tirés.

"Toi aussi, tu m'as manqué. Soyons honnêtes, mon cercle d'amitié plus que réduit se languissait de ta présence."

Je remarque qu'elle n'a pas répondu à ma question, et j'hésite un instant à la reposer, en sachant pas si c'est une omission de sa part ou si elle ne compte tout simplement pas aborder le sujet. Dans le doute, je retente ma chance autrement.

"Alors, tes projets pour l'avenir, dans l'idée où on est coincés ici pour un bout de temps?"

Pour ma part? Conjuguer vie présente et vie passée en parvenant à réunir ma fille, ma sœur et mon neveu pour Thanksgiving. Un défi impossible? Je connais ma fille, il lui faudra surement du temps pour s'adapter, mais elle n'a absolument pas le fond mauvais. Impossible qu'il y ai le moindre ressentiment de sa part à l'égard de sa tante... ce qui est un mot difficile à utiliser étant donné qu'elle a 15ans de plus que la dite tante... avoir plus de trois décennies d'écart avec sa sœur, ça rend les choses simples en famille, croyez moi.