Klaus venait de passer une nuit particulièrement sanglante. Quand le soleil commença à faire son apparition, il entra chez lui, le visage et ses vêtements tâchés de sang de ses victimes. Mais lorsqu'il franchit la grande porte d'entrée, Elijah, Rebekah, Kol et Freya l'attendirent. Pourtant, Klaus savait parfaitement leur intention, alors il croisa leur regard et se fraya un chemin, ignorant leur nombreux commentaires. Et, la toute première chose qu'il fit en montant à l'étage, ce n'était pas pour se changer, mais pour se rendre dans la chambre de Hope. Il s'y enferma à double tour et resta à l'intérieur de la pièce de nombreuses heures, jusqu'à ce que la nuit ne commence à tomber.

Et, au moment même où la journée disparaissait pour laisser place à la nuit, il sortit de la chambre, après avoir remis en place l'album photo de sa fille. Mais, quand il se retrouva dans le long balcon intérieur, il tomba sur Elijah et Rebekah qui tentèrent de le convaincre de ne pas commettre l'irréparable :

- Niklaus, commença Elijah. Où comptes-tu aller, exactement ?

- Lâche-moi, Elijah ! Répondit Klaus sur un ton repoussant. Ne te mêle pas de ça !

- Nik, nous sommes-là pour toi et pour Hayley, ajouta Rebekah. Nous savons ce que tu ressens, alors, laisse-nous te venir en aide.

- Je crois que si, se défendit Klaus. Et il n'est pas question que vous vous interposiez, tous les deux ! Maintenant, lâchez-moi, j'ai quelque chose d'important à faire.

Il saisit Elijah par le cou et l'envoya à l'extrémité du balcon, regrettant sa réaction brutale. Il quitta les lieux en vitesse vampirique et partit rejoindre, non pas les rues de La Nouvelle-Orléans, mais l'église Sainte-Anne, le seul endroit où personne n'irait le chercher.

Il savait parfaitement que tôt ou tard, ses massacres remonteraient à la police et à Vincent Griffith, qui prendrait un plaisir à lui faire payer ses actes abominables. Alors, se rendre ici même, à Sainte-Anne, était pour lui, la meilleure façon de panser ses nombreuses blessures. Bien évidemment, autrefois, pour Klaus Mikaelson, la douleur avait toujours été signe de faiblesse telle que le lui avait apprise Mikael. Et jamais, jusqu'à ce soir-là, à la veille de Noël, il n'aurait imaginé faire parti de ces innombrables personnes.

Il entra à l'intérieur de l'édifice, l'air décontracté, un sourire au lèvres quand il croisa le regard du Prêtre. Et au moment, où il s'installa sur le banc, loin des fidèles, la messe de minuit débuta sous un chant de Noël « O Holy Night ». Et, lorsque les premières notes résonnèrent dans la grande église, un Klaus ému écouta attentivement.

Alors que la messe battait son plein et que tout le monde se leva et se mit à chanter en cœur les cantiques de Noël, Klaus resta assis dans son coin, perdu dans ses pensées. Puis, il sortit son téléphone et chercha le numéro de la seule personne qui saurait lui rendre le sourire en cette période difficile : Caroline Forbes. Cependant, elle n'allait certainement pas lui répondre, pas après son dernier voyage à Mystic Falls, où les deux s'étaient donnés à une expérience sexuelle inattendue dans les bois de la petite ville. De plus, il la savait très occupée par le réveillon de Noël ; elle aimait beaucoup prendre en main les choses.

Il chercha le numéro de Caroline et tenta de l’appeler. Néanmoins, il raccrocha au bout de quelques secondes. Puis, il la rappela une fois de plus pour attirer son attention avant de raccrocher à nouveau. Et au bout du troisième essai, il attendit jusqu'à ce qu'elle réponde. Au son de sa voix, il resta un long moment sans rien dire. Et au bout du fil, il put reconnaître la voix de plusieurs personnes, dont celle de Damon Salvatore, d'Elena Gilbert, Bonnie Bennett et la voix d'Alaric Saltzman, ses plus fidèles ennemis au temps de sa venue dans la petite bourgade de Virginie.

-"Bonsoir, Caroline", dit-il simplement après un court silence. "Je te souhaite un bon réveillon de Noël et je... je te prie de vouloir m'excuser pour t'avoir déranger. Bonne soirée, Caroline !"

Il se releva de son banc, avança parmi la foule et monta sur l'autel, hypnotisant le prêtre à le laisser prendre le relais.

- Mesdames et messieurs, je vous souhaite le bonsoir ! s'écria t-il en écartant ses bras. Quel immense plaisir que de vous voir tous réunis dans cet édifice... prodigieux ! Ceci dit, j'ai le regret de vous informer que vous ne sortirez pas vivant de cet endroit, poursuivit-il en faisant quelques pas en avant.

Il passa à côté d'un couple de personnes âgés, se plaça devant eux et, après les avoir brièvement regardé, il extirpa leur cœur. Et sous, les visages horrifiés des invités et du prêtre en personne, il sourit. Aucun d'eux ne bougeait, comme s'ils avaient été contraint à rester figés. Les corps de l'homme et de la femme tombèrent sur le sol, tandis que Klaus s'avançait en direction du prêtre, tétanisé.

- Voyez-vous, mes amis, continua t-il, j'ai perdu un être qui m'était cher à mes yeux... ma fille. Ma famille tente de me dissuader l'irréparable. Mais, je ne peux me résoudre à les écouter, pas après ça. Alors, je tue pour le plaisir, afin de rendre justice... à ma façon. Et cet homme ici présent, va me servir de modèle.

Il posa une main sur l'épaule du prêtre, lui chuchota à l'oreille, le contourna lentement et s'en éloigna de quelques pas. Puis, soudainement, d'un geste rapide de la main, il lui décapita la tête qui tomba et roula vers le premier rang.

- Je suis très énervé et consterné par la tournure que ça a pris. Mais trêve de bavardage et allons droit au but : j'ai l'intention de venger la mort de ma chair et de mon sang. Et pour cela, je vais le faire à la façon de Klaus Mikaelson, l'hybride immortel.

Il ferma les yeux et en un instant à peine, il les rouvrit. Il ne bougea pas et observa la foule, l'air de rien. Et, suivit d'un sourire du coin des lèvres, il s'approcha des cierges allumés, s'en saisit d'un, puis d'un autre et les lança sur la foule. Les bancs commencèrent à prendre feu et aussitôt, ce fut les corps inertes qui s'embrasèrent sous les yeux inhumains de l'hybride. Après avoir jeté les derniers cierges dans la foule, Klaus s'avança dans l'allée, assistant à la scène. Et, peu avant de quitter l'intérieur, il se retourna et regarda les centaines de corps brûlés vifs.

Et, sous les cries de douleur, Klaus éteignit son humanité et quitta l'église Sainte-Anne à feu et à sang. Les premiers éclats de verres se firent entendre, toujours sous les cris stridents des victimes.

En cet instant bien précis, Klaus ne se retourna pas et se fondit dans la masse. Les sirènes des premiers véhicules de pompiers résonnèrent dans les rues de La Nouvelle-Orléans et de nombreux habitants sortirent en trombe de chez eux ou se pressaient en direction de l'incendie. Klaus, avec un sourire légèrement machiavélique se posa sur un banc et assista à l'arrivée des secours. Un périmètre de sécurité fut installé par le chef des pompiers.

Les bras croisés, Klaus, le regard vide, écouta les derniers cris perçants qui émanait de l'intérieur de l'édifice. Et quand le dernier s'éteignit pour de bon, Klaus se releva et traversa la foule qui se tenait devant la scène et observa les pompiers se dépêcher à entrer. Mais, non loin de là, il entendit et reconnut la voix d'Elijah qui arrivait sur les lieux en compagnie du reste de la famille. Il se faufila parmi la foule et s'effaça de la rue. Il se cacha à l'extrémité de la grande rue qui donnait à l'église et vit la fratrie figée sur place à la vue de la scène. Klaus réutilisa sa super-ouïe et écouta attentivement la conversation de ses frères et sœurs.

- C'est Klaus, j'en suis certaine, s'exclama Rebekah. Il a tué toutes ces personnes, Elijah. Pourquoi refuses-tu de l'admettre ? Il s'en est allé, pour de bon cette fois.

- Ne dis pas de sottise, ma sœur, répliqua Elijah d'un ton froid. Jamais il ne pourrait faire une telle chose, il n'est plus comme ça.

- Tu es aveuglé par l'homme que tu as connu, jadis, insista Rebekah. Hope est morte ! Pour lui, elle était son seul espoir, son unique chance de vivre pleinement heureux. Mais on le lui a arraché et... et...

- Certes, je conçois le fait qu'il soit chagriné par la perte de sa fille, mais...

Il regarda Hayley en pleure.

- Elle a raison, Elijah, dit simplement Hayley. Klaus est redevenu celui qu'il a toujours été... un monstre. Comment peux-tu expliqué l'église en feu ? Qui serait assez fou pour mettre le feu à une édifice, avec plein d'innocents à l'intérieur.

Klaus sourit et s'approcha de sa famille.

- Tu as vu juste, ma chère, chuchota Klaus à l'oreille de Hayley. Je suis un vrai monstre capable de commettre une telle atrocité. Et pour votre gouverne, je vengerai ma fille que cela vous déplaise ou non.

Il jeta un dernier regard à Elijah, puis Rebekah, sourit et se volatilisa.

Pour l'hybride, il n'était plus que temps de quitter cette ville. Plus rien ne le retenait, désormais, hormis le cadavre de sa fille. Pourtant, il ne put s'empêcher de penser à Hope et de ce qu'elle aurait pensée de lui en cet instant précis. Il s'arrêta quelques instant, regarda en arrière et observa sa famille en pleine conversation ; selon lui, ils étaient probablement en train de réfléchir à un plan pour le neutraliser.

Pendant un moment, il resta sur place, attendant probablement un appel de Caroline qui chercherait à comprendre la raison de son coup de téléphone. Avec lui, elle était différente et elle le savait bien plus qu'elle ne le prétendait. Soudain, comme par miracle, il reçut un appel de Caroline. Mais à peine eut-il le temps de décrocher qu'elle avait elle-même raccrochée. Il sourit et tenta de la rappeler après quelques secondes d'attentes. Il ferma à nouveau ses yeux et les rouvrit à la pensée de Hope. Une nichée de souvenirs lui submergea son esprit et, alors que des larmes vinrent s'écouler le long de ses deux joues, il se réfugia derrière une énorme souche d'arbre et se cacha de sa famille. Il se souvint de son dernier acte meurtrier au sein de l'église et, pris de culpabilités et de regrets, il ne se montra pas, se laissant perdre dans ses nombreux flashs.

Il prit son téléphone et recomposa le numéro de Caroline. Cette fois-ci, il ne comptait pas la laisser. Elle ne répondit pas. Elle avait probablement dû éteindre son téléphone.

Plus que jamais, Klaus était seul. Avec Hope décédée, il n'avait plus aucune raison de retrouver le bonheur, pas après ce qui lui était arrivée. Il s'en voulait pour tout ce qui s'était passé. La culpabilité prit le dessus et son corps se mit à trembler de rage et de tristesse pour la première fois en pratiquement un millénaire. Jamais il ne s'était sentit aussi désemparé et aussi mal dans sa peau. Il avait besoin  de rencontrer la seule personne qui, à ce jour, pouvait réussir à surmonter cette peine. Il avait besoin de Caroline à ses côtés. Elle seule aurait les mots pour le convaincre de ne pas commettre l'irréparable. Elle seule saurait l'aider à retrouver goût à la vie et à son bonheur. Elle seule saurait lui faire retrouver la joie de vivre et le rendre heureux pour le restant de sa vie.  

Klaus laissa un message vocale à Caroline, dans l'espoir que celle-ci lui ouvre la possibilité d'engager une conversation avec lui.

- "Salut, Caroline", dit-il d'une voix lasse. "Quelque chose de grave s'est passé et je suis au plus mal. Je ne sais pas comment vivre après ça. Tu es la seule en qui je peux me confier facilement. J'ai besoin de te parler, face à face. Dès que tu as ce message, je souhaiterai que tu me rejoignes à La Nouvelle-Orléans. Me déplacer serait trop difficile en ces circonstance. Je ne peux pas l'abandonner, pas après ce qui s'est passé. S'il te plaît, rejoins-moi au plus vite !"

Il raccrocha et regarda loin devant lui, le regard vide.