pour la petite histoire
J'ai toujours été fasciné par la lune, d'aussi loin que je m'en souvienne. Enfant, je passais parfois des heures allongé dans l'herbe à l'observer en attendant le retour de ma mère, qui m'élevait seule. N'allez pas croire qu'elle m'abandonnait une nuit par mois pour s'accorder du bon temps ou se livrer à des activités peu respectables : Si elle mettait le plus de distance possible entre elle et moi, c'est parce qu'elle avait été contaminée par la morsure de mon père, un enfant de la lune pendant que je grandissais dans son ventre et qu'elle savait que si nos chemins se croisaient lorsqu'elle perdait le contrôle d'elle même, elle me dévorerait sans aucune hésitation.

Puisque nous ne savions pas si j'étais également destiné à muter un jour, j'étais un garçon très solitaire. Durant ma prime jeunesse, je fréquentais une école ordinaire mais je n'avais pas le droit d'aller chez mes copains le soir. Un jour toutefois, après un déménagement hâtif du à un «  petit accident nocturne », le hasard avait voulu que nous nous installions à proximité du territoire d'une meute de modificateurs.

Grâce à leur flair, ils avaient senti que celle qui m'avait donné la vie n'était pas une humaine ordinaire mais contre toute attente, ils ne l'avaient pas rejetée. L'un d'eux s'était même épris d'elle et quelques années plus tard, j'accueillais une petite sœur avec un plaisir non dissimulé.

J'imaginais déjà tout ce que nous pourrions faire ensemble quand ma première transformation avait eut lieu, violente et inattendue. Il avait fallu que quatre des membres du clan se mettent entre moi et le berceau pour que je n'anéantisse pas le petit être dans lequel j'avais placé autant d'espoirs mais même si je n'avais pu le blesser grâce à leur intervention, j'avais senti que le regard qu'ils posaient sur moi avait changé en me réveillant complètement confus et couvert de blessures le lendemain matin.

Comme je n'avais que treize ans à l'époque, je n'avais pas pu m'émanciper immédiatement, même si je me sentais atrocement coupable et que je craignais de blesser un être qui m'était cher. Une fois ma majorité atteinte toutefois, même si cette décision m'avait coûté, j'avais décidé de prendre mes distances pour ne revenir qu'une fois que je serai parvenu à maîtriser la bête qui sommeillait en moi.

Je n'avais rencontré qu'un seul et unique de mes semblables pendant mon voyage et son discours n'avait pas été encourageant. Il m'avait parlé des Volturi et du massacre qu'ils avaient fait parmi les nôtres, mais aussi des nombreuses tentatives infructueuses qu'il avait faites pour éviter de se transformer et de tuer tout ce qui se trouvait sur son passage.

Nous nous étions quittés assez rapidement pour éviter de nous entretuer à la pleine lune mais même s'il m'avait dissuadé de me fatiguer à essayer d'obtenir un quelconque contrôle sur l'animal qui prenait le dessus sur moi par la force, j'avais voulu vérifier que cela était effectivement impossible avant de me résigner.

L'argent était totalement inefficace, au même titre que les drogues, l'alcool et autres substances qui auraient pu m'anesthésier suffisamment longtemps pour que je n'ai pas à m’enchaîner. S'éloigner de la civilisation n'était efficace qu'en s'assurant qu'il n'y avait pas une maison dans les 30kms à la ronde et il n'y avait aucun moyen de se cacher de la lune.

J'évitais de m'attacher aux gens pour ne pas risquer de leur faire du mal mais je restais en contact téléphonique avec ma famille. A ma grande satisfaction, ma cadette avait hérité des gênes de son père si bien qu'elle n'aurait pas à subir le même sort que nous. Pendant quelques années, ma mère avait semblé apaisée par sa présence lorsqu'elle se métamorphosait mais elle avait fini par s'exiler à son tour après avoir manqué de lui arracher une patte sous le coup de la colère.

Aujourd'hui, ma sœur s'est mis en tête de nous retrouver mais je ne sais pas si je me sens prêt à repartager ma vie avec elle. En attendant de prendre une décision, je me suis établi dans une petite ville pluvieuse qui me semblait propice à la réflexion. Enfin, cela, c'était avant que j'apprenne qu'une très célèbre famille de vampires y vivait...

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