En ce moment l’ambiance à la villa n’est pas la meilleure. Pourtant j’essaie tant bien que mal d’apporter ma bonne humeur communicative mais il faut croire que ce n’est pas suffisant. Ok j’avoue que Jasper et moi y sommes pour beaucoup. En effet mon frère et moi n’avons pas été des hommes parfaits puisque nous avons tous deux trompé nos femmes respectives. Il faut croire que nous retrouver bloqués dans cette fichue ville de Blackstone nous a tapé sur le ciboulot. A tous… Parce que certes Jasper et moi ne sommes pas blancs comme neige mais il ne faut pas croire. Les autres aussi sont atteints par cette malédiction. On était pourtant si heureux avant tout ça, tous ensemble. Mais je ne sais pas depuis un petit moment j’ai de plus en plus de mal à supporter le caractère de ma Rose. Je l’aime pourtant très fort mais par moments elle a ce don de me taper sur les nerfs. Depuis quelques semaines elle a décidé de me donner une autre chance. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’elle cherche à me faire payer mon infidélité. Je ne reconnais plus Rosalie, la femme dont je suis tombé amoureux il y a fort longtemps. J’ai le sentiment qu’elle n’arrive pas à me pardonner mon erreur. Grosse erreur oui c’est vrai. Mais lorsque j’étais humain j’étais un vrai coureur de jupons. Je draguais tout ce qui bougeait. D’ailleurs je ne serais pas surpris que l’une ou plusieurs des femmes que j’ai séduit à l’époque soi(en)t tombée(s) enceinte(s) de moi… Pour ma part je me félicitais d’avoir réussi à rester fidèle à mon épouse si longtemps avant que mon moi passé n’ait refait surface. En tout cas pour l’heure je suis rentré dans le droit chemin et j’espère bien y rester même si j’ai peur de céder de nouveau face à la tentation. Parce que oui même si j’aime beaucoup les femmes, je n’ai pas envie de faire souffrir celle qui partage ma vie depuis quasiment un siècle. Elle a beau avoir un sale caractère c’est une chouette femme.

Souhaitant m’exiler un peu, j’avais décidé de sortir prendre l’air, de m’éloigner le temps de quelques minutes ou quelques heures de la villa. J’espérais juste que Rosalie ne me ferait pas une scène en rentrant. Parce qu’elle serait bien capable de me faire une crise de jalousie pour rien. Surtout que là je n’allais pas courir après les femmes. Non là je comptais juste aller chasser, me vider l’esprit et surtout étancher ma soif de sang. De la villa jusqu’au bois j’avais couru au même rythme que les humains. Même si ici on n’avait plus vraiment besoin de cacher notre nature, je ne sais pas j’avais gardé cette habitude. Par contre une fois dans la forêt, là je m’étais laissé aller à courir à mon propre rythme. M’arrêtant de temps en temps pour écouter tous les bruits afin de repérer un animal qui pourrait calmer ma faim. De préférence un grizzli mon plat favori. Même s’ils commencent à se faire rare à force que je les chasse. D’ailleurs si ça continue comme ça, il risquerait bien d’y avoir pénurie d’animaux dans le coin. Pour ça on pourra dire merci à ma famille. Je fermais les yeux et développais mes autres sens au maximum. Au bout de quelques instants je rouvris les yeux et un large sourire s’afficha sur mon visage. Je me dirigeais à pas de loups vers ma proie. Il ne fallait pas que je coure, il ne fallait pas qu’elle m’entende arriver. Une fois non loin d’elle je me jetais sur son dos et encerclais son cou de mes bras. "Ahah laisses-toi faire mon gros ! Plus tu vas te débattre pire ce sera pour toi !" Le mettais-je en garde. J’avais eu la chance de tomber sur un grizzli. Par contre il ne comptait pas se laisser faire et c’était bien là le plus excitant dans la chasse, le fait de devoir batailler pour se nourrir. Mais je ne comptais pas laisser mon déjeuner s’échapper hors de question. Je lui assénais des coups de poing et le mordis enfin dans le cou lorsqu’il commença à se calmer un peu. Je pouvais sentir son sang couler dans ma gorge, quel bien fou ça faisait ! Je continuais à aspirer son sang tout en le tenant fermement afin d’éviter qu’il ne me fausse compagnie.

La forêt semble bien calme, ce qui est sans doute bon signe pour moi. Je n'avais pas senti d’odeur humaine dans le coin. Donc je pouvais chasser sans craindre de me faire surprendre par quelqu’un qui n’aurait pas encore eu vent de l’existence des créatures surnaturelles. Quoique dans cette fichue ville de malheur tout le monde en avait entendu parler de près ou de loin des histoires sur les vampires, les loups-garous et autres. Pourtant je ne souhaite pas dévoiler ma nature au grand jour. Sans doute parce que j'ai trop pris l’habitude depuis 1935 de cacher ce que je suis. Alors oui je continue à agir comme avant. Je n'ai pas envie de changer même si ce serait sans doute plus simple pour moi.

J'étais ravi, j'avais réussi à se trouver une proie de taille, un grizzli. Depuis que j'avais failli mourir en 1915 à cause d’un ours femelle, je me vengeais à ma manière en tuant les animaux dits de la même famille. Je n'y prenais pas non plus un malin plaisir mais après tout il fallait bien que je me nourrisse non ? J'avais d’ailleurs planté mes crocs dans le cou de l’animal et commencé à le saigner quand j'entendis quelqu’un qui me hurlait dessus. Zut j'étais tellement occupé à me nourrir que je n'avais pas remarqué la présence d’une autre personne dans les parages. J'enlevais mes crocs du cou de l’animal et redressais la tête pour confronter l’autre personne qui était un vampire. Je l'avais su rien qu’à son odeur qui était quelque peu familière à la mienne bien que tout de même différente. « On ne t’a jamais appris à ne pas déranger un vampire en pleine chasse ?! » Répondis-je sans me démonter. J'allais de nouveau planter mes crocs dans l’animal mais manque de chance pour moi, celui-ci avait réussi à s’enfuir car je ne l'avais pas maintenu assez fermement pendant que je répondais à la blondinette aux yeux rouges. Je grognais de mécontentement et passais ma langue sur mes lèvres afin de récupérer le sang sur celles-ci. « T’es fière de toi ?! Mon repas vient de s’évaporer dans la nature je n’ai plus qu’à m’en trouver un autre ! » J'étais légèrement sur les nerfs de n’avoir pu terminer mon repas convenablement. Tout ça parce qu’une gamine avait eu la bonne idée de me déranger. Aucun respect les jeunes de nos jours.

Je passais non loin de la blondinette et lui lançais un regard noir, qui montrait que je n'étais franchement pas ravi de son intervention. « Ce serait aimable de ta part de ne pas m’empêcher de me nourrir comme bon me semble… » La prévins-je avant de reporter mon attention sur la nature. J'écoutais les alentours mais bien évidemment il ne semblait plus y avoir d’animaux dans le secteur. Ils avaient dû fuir plus loin en raison de notre présence qui ne devait pas leur plaire. Je recommençais donc à courir pour m’enfoncer un peu plus dans la forêt à la recherche d’une nouvelle proie afin de pouvoir terminer mon repas. Enfin si la blonde ne recommençait pas à m’embêter.

Pourquoi avait-il fallu qu’une gamine – bon ok c’est un vampire et je ne connais pas son âge – vienne me déranger pendant que je me restaurais ? Il n’y a vraiment plus de respect de nos jours, c’est dingue ça. En plus elle me tient tête. « C’est bien dommage ! » Répondis-je alors qu’elle m’indiquait ne pas avoir reçu une éducation lui stipulant de ne pas importuner un autre vampire quand il mange. En plus de ça à cause de son intervention je n’avais guère fait attention à mon emprise sur le grizzli qui en avait profité pour se faire la malle. En même temps à la place de ce dernier j’aurais sans doute fait la même chose. Mais bon ça m’enquiquinait quand même là parce que je n’avais pas fini de me nourrir et que sans mauvais jeu de mots, j’avais encore une faim de loup. « J’ai été élevé comme ça par ma famille. On ne s’en prend pas aux humains. C’est un point d’honneur dans mon clan ! » Rétorquais-je tandis qu’elle m’engueulait ouvertement parce que je m’en prenais aux animaux. Elle elle se nourrissait d’humains, grand bien lui fasse mais moi je ne voulais pas faire de même. J’étais habitué depuis fort longtemps maintenant à me nourrir de sang animal et ça me satisfaisait. Je ne cherchais même pas à parler plus longtemps avec elle et me hâtais de partir en quête d’une nouvelle proie afin de combler ma soif. Je courais, m’enfonçant profondément dans la forêt, espérant me trouver un nouveau repas sauf que la blonde semblait tenace puisqu’elle courait derrière moi en me disant qu’elle me parlait. Ouais j’avoue je ne l’avais pas écoutée jusqu’au bout parce que clairement je me fichais de son point de vue. Finalement je me stoppais et me tournais vers elle en soupirant ouvertement. « Écoutes tu bouffes des humains si ça te chante. Moi je me fonds dans la masse et je ne me verrai pas me nourrir d’eux. Encore moins alors que ça fait quasiment un siècle que j’ai un régime alimentaire différent du tien. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je m’en prends aux animaux mais tout comme toi il faut bien que je boive du sang pour survivre. Alors oui on a des manières différentes de faire mais je resterai toujours un vampire végétarien. Toi non plus tu ne comptes pas changer de régime je me trompe ? Donc il n’y aura sûrement pas de dialogue possible. Parce qu’on va chacun camper sur nos positions. » Au moins une chose était sûre, la petite avait un sacré caractère et ne manquait pas de cran pour vouloir me tenir tête à moi le grand costaud. « Alors à moins de trouver un compromis qui nous arrange tous les deux, je ne vois pas trop comment on pourrait s’entendre ! » Je savais que mon père Carlisle travaillait sur un projet de sang synthétique mais ce n’était encore qu’un projet et ce n’était pas sûr que ça fonctionnerait. En plus de ça il faudrait encore qu’il trouve des volontaires prêts à tester. J’avais beau avoir une confiance aveugle en Carlisle, je préférais pourtant passer mon tour.  

Tiens la blondinette face à moi avait eu vent du fameux sang synthétique. J’étais un peu surpris je dois l’avouer. Je me demandais comment elle était au courant de ça. “Ouais pour ceux qui boivent du sang humain !” Parce que bon pour le moment il n’y avait pas encore de sang synthétique d’animaux. Et puis tout n’était pas encore au point. Il fallait d’abord que Carlisle et son associé trouvent des cobayes, des vampires qui voudront bien tester leur prototype. Pour ma part je ne le ferai pas. Déjà parce que je n’avais pas envie de mourir empoisonné et qu’en prime pour le moment ils n’avaient fait que du sang synthétique basé sur celui des humains. Donc non je ne pouvais pas me le permettre.

Au moins la gamine et moi étions d’accord sur le fait qu’on ne changerait certainement pas de régime alimentaire, même s’ils étaient totalement opposés l’un à l’autre. Il faut croire que j’étais tombé sur une personne aussi têtue que moi. Malgré tout je n’étais pas fermé au dialogue non plus. Je sais pas je connaissais à peine cette gamine mais son caractère me plaisait bien. Du coup je n’avais pas envie non plus de m’en faire une ennemie. Alors je lui proposais qu’on passe une sorte de pacte. “Eh bien je pourrais toujours me nourrir sur les animaux mais ne les tuerai plus. Enfin je pense que je peux être assez fort pour contrôler ma soif et les laisser partir avant de les avoir vidés de leur sang.” Dis-je assez fier de l’idée que je venais de trouver. “C’est tout ce que je peux te proposer… Je ne pourrai pas faire mieux.” Parce que non c’était clair que je ne me nourrirai pas sur les humains, c’était tout simplement impossible. Je lui aurais bien proposé de faire de même avec les humains mais malheureusement ce n’était pas possible parce que dès qu’on les mord, le venin se répand dans leur système et ensuite ils deviennent à leur tour des vampires. En prime ils auront le souvenir de ce qu’elle leur aura fait. J’essayais de trouver un plan pour elle mais je n’en voyais pas trop. Si encore elle connaissait quelqu’un qui travaille dans un hôpital, genre comme mon père adoptif par exemple il pourrait lui donner des poches de sang humain. Mais après je pouvais toujours me renseigner “Tu connais quelqu’un qui travaille à l’hôpital ou dans un établissement de soins ?” Lui demandais-je avec curiosité. “Parce que si tel est le cas tu pourrais te procurer des poches de sang sans avoir à massacrer d'innocents...” Après tout je tentais ma chance. Même si je risquais fortement de me faire envoyer bouler. Mais qui ne tente rien n’a rien, pas vrai ?

La blonde me dit que je devrais peut-être me laisser tenter par le sang synthétique. Non c’était tout simplement hors de question que je tombe là-dedans. Je n’avais pas envie de changer mon régime alimentaire. Imaginez que je teste ce fameux sang synthétique mais qu’après je sois pris d’une frénésie qui me pousse à en vouloir plus et que je m’attaque à des humains. Non vraiment je ne préférais même pas y songer. « Sans façon ! Je ne préfère pas ! » Répondis-je simplement ne souhaitant pas entrer plus dans les détails. Après tout je ne connaissais pas vraiment cette fille et je n’avais pas envie de m’épancher plus sur ma vie privée. Ni de lui raconter que l’un des créateurs du fameux sang synthétique est mon père adoptif.

Puis j’avais indiqué à la blonde que j’avais une idée. Je lui avais fait part du fait que je pourrais continuer à me nourrir de sang animal sans toutefois achever mes victimes. C’était tout ce que je pouvais proposer malheureusement parce que clairement c’était hors de question que je prenne du sang humain. J’eus un petit sourire satisfait lorsque je remarquais qu’elle semblait être d’accord avec mon plan. « Dans ce cas à partir de maintenant je m’appliquerais à faire ça… » Indiquais-je en souriant. J’étais plutôt fier de moi pour le coup et content de voir que ça semblait avoir apaisé la jeune fille. « Ouais je sais c’est pas possible… » Répondis-je simplement lorsque l’autre vampire m’indiqua qu’elle ne pouvait pas faire comme moi avec les humains et je savais parfaitement pourquoi. Elle n’avait pas besoin de m’expliquer, j’étais bien au courant de la chose.

Par la suite je lui avais demandé si elle connaissait quelqu’un qui travaillait dans un établissement de santé. Lui indiquant que si c’était le cas, elle pourrait toujours essayer de se procurer des poches de sang humain plutôt que de s’attaquer à des innocents. Je me retins de grimacer en écoutant ce qu’elle me disait. Pour le coup elle me rappelait Edward lorsqu’il s’était rebellé contre notre père et qu’il tuait lui aussi des malotrus. Pour le coup ouais c’était sûrement moins pire que d’attaquer des pauvres gens qui n’ont rien fait de mal mais tout de même. Le mieux serait de ne pas avoir à tuer d’humains du tout, même s’il y a des salopards qui peuplent la planète terre. « Ouais je vois à quoi tu fais allusion. Le fait qu’on soit tous bloqués dans cette maudite ville… » Oh que oui qu’est-ce que j’aimerais pouvoir me barrer d’ici. Parce qu’à cause de cette sensation d’enfermement j’avais fait l’erreur de tromper mon épouse et je m’en mordais encore les doigts à l’heure actuelle. Mais ouais c’est vrai qu’être ici, ça complique pas mal les choses. Si seulement on parvenait à trouver un moyen de sortir de cet enfer. Mais non pour le moment personne n’avait trouvé de porte de sortie, malheureusement. « Au fait moi c’est Emmett et toi ? » Oui j’avais enfin décidé de me présenter. Après tout quoi de plus normal puisqu’on discutait depuis un petit moment maintenant. Et puis on sera sûrement amenés à se recroiser puisqu’on est emprisonnés tous les deux à Blackstone.