Il y a un intérêt non négligeable à embaucher des vampires. Ce que ces idiots d'humains mettraient des mois à monter n'a pris que quelques semaines pour une équipe dotée d'une force incomparable et n'ayant aucune nécessité à dormir. Les miens? Surement pas. Il y a bien assez des nôtres en ce bas monde pour ne pas avoir la stupidité de devoir gérer un groupe de nouveau-nés indisciplinés incapables de faire taire leur instinct quand un humain passe à moins de trois kilomètres. Avouez qu'en plein centre ville, ça risquerait de faire tâche. Bref, je me suis trouvé de la main d’œuvre compétente, et à présent je peux dire que ma succursale de Black stone est prête à accueillir ses premiers clients. Ce que je propose dans cette multinationale plus que florissante n'ayant eu aucun mal à traverser l'Atlantique malgré mon peu d'amour pour les américains? Quelque chose qui ne connaitra jamais de faillite, au rythme où en consomment les humains. L'alcool. Russe bien sur. Et donc principalement de la vodka, bien qu'il existe d'autres alcools plus confidentiels dans mon pays natal. Un marché moins diversifié cependant, qui peine encore à quitter ses frontières. Bah, y a internet maintenant. Oui, on peut avoir 430ans et être à la page, même si je laisse à d'autres le soin de se battre avec leurs tablettes.

C'est justement tout l'intérêt du rendez-vous que j'attends à présent, occupé à observer la skyline de la ville depuis les baies vitrées de mon bureau. Peu discret pour un homme étincelant comme un joyau au moindre rayon du soleil, mais c'est un plaisir que j'aime à m'offrir en solitaire. Je n'ai pas besoin de me retourner pour connaitre l'approche de la jeune femme, son odeur m'apprenant sans détour que je n'ai pas à dissimuler ma nature auprès d'elle. Bien, un bon point pour l'embauche, je dirai.

Voilà un peu plus d'un mois que nous étions en ville. Nous étions tous enfermé ici. Nous avions bien comprit qu'un champ de force nous empêché de sortir qu'on le veuille ou non. Cette ville s'appelait Blackstone, quel nom idiot : pierre noire. Enfin y en a d'autre pas mieux : Los Angeles par exemple, depuis quand y avait des anges là bas, s'il vous plaît! Bref, on est pas là pour parler des noms des villes, mais faut bien que je m'occupe l'esprit. Aujourd'hui avait lieu mon premier entretien d'embauche en tant que "vivante". oui parceque j'avais trouvé des boulots dans l'afterlife, mais les gens bossaient plus pour s'occuper qu'autre chose, donc il prenait un peu n'importe qui pour n'importe quoi, on avait le temps d'apprendre, le temps d'aimer et d'apprendre à détester un job avant d'en trouver un autre, donc bon. Mais ici, ce n'était plus le cas. Je devais donc être à la hauteur parmi toux les autres prétendants au titre. J'arrivais devant le bâtiment. un truc immense. déjà qu'on y avait le droit en 2018, mais alors là huit ans après ça s'arrange pas. Je regarde jusque en haut et j'en ai le tournis.

Je suis dans la salle d'attente, une femme m'appelle et me fait signe d'avancer jusqu'au bureau. Est-elle secrétaire de base, ou juste une employée qui fait office de secrétaire jusqu'à ce que son patron embauche je n'en sais rien; on sera peut-être deux. Ça à l'air d'une grosse boite après tout. Tout ce que je sais, c'est qu'ils vendent de l'alcool. Elle m'a donc conduite devant le bureau. Elle frappe à la porte et rentre. Je la suis. Il y a un homme devant une baie vitrée.

- Mademoiselle Evenson, monsieur!

- Bonjour.

Je me retiens de signaler à mon employée que je n'avais pas besoin d'elle pour savoir que mon rendez-vous était avancé, me contentant de hocher la tête avant de la renvoyer à son travail.

"Mademoiselle Evenson. Entrez je vous prie."

J'attends que la porte de mon bureau se referme derrière elle, signe que nous nous trouvons enfin seuls, pour me retourner vers elle, mes yeux rouges croisant les siens. Pour être honnête, je marque un temps d'hésitation. Elle me parait bien jeune, cette vampire. Trop peut-être. Je ne suis pas assez fou pour ignorer la politique des Volturis concernant les enfants immortels, bien que je considère n'avoir rien à faire de ces maudits italiens.

"J'imagine que vous savez ce qui se fait ici, ou le poste que je recherche. Mais pour résumer. Il s'agit de la dernière antenne en date d'une société de production d'alcool russe, principalement installée en Europe. Pour tout dire, c'est la première antenne américaine. Et j'en suis le dirigeant. Dmitri Romanov."

Je marque une pause le temps de contourner mon bureau et m'y installer, devant avouer que si je tiens à la perfection la position debout durant plusieurs heures sans ressentir la moindre crampe, les humains ont su avec brio inventer des fauteuils valant le coup de s'installer dedans.

"Ma recherche est simple. J'ai besoin d'une secrétaire personnelle, que je n'aurai pas envie de dévorer au bout de dix jours. Vous comprendrez que votre nature est d'ors et déjà un plus dans ma sélection. Pour le reste, répondre au téléphone, accueillir la clientèle, savoir gérer la paperasse et la comptabilité... J'imagine que vous vous doutez bien que vous ne serez pas seule à cela, de toute façon. Seulement, tout ce que vous ferez devra passer par moi, et tout ce que j'aurai à faire devra passer par vous."

Je pense que j'ai résumé le plus gros du boulot. Je l'observe, lui laissant le temps de la réflexion, tout en ramenant vers moi les mains que je n'avais pas eu conscience avoir posé sur mon bureau au fil de mon discours. J'ai peur qu'elle ne paraisse un peu jeune pour être crédible, mais dans le même temps, allez savoir. Ceux qui paraissent les plus naïfs sont ceux dont il vaut mieux se méfier, j'en sais quelque chose.

"Si vous avez quelque question que ce soit, c'est le moment de les poser."

La porte claquée, il se tourne enfin vers moi. Il en impose ce type, ça c'est clair. Il a les yeux rouges. Je l'avais bien senti qu'il était comme moi. Heureuse de voir que mon futur patron sera peut-être un vampire, question régime alimentaire on devrait s'entendre, donc c'est parfait. Pour une fois que le fait d'être un vampire puisse m'aider à me trouver un job, je vais pas cracher dans la soupe. Je l'écoute parler, restant devant lui sans broncher. Sa secrétaire personnelle, ça c'est la classe! J'ai bossé un peu en tant que secrétaire dans l'afterlife, pour un toubib. Oui les humains là bas trouvaient toujours le moyen de se blesser, même mort, s'en était désespérant, mais ça occupait mes journées.

- Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'ai déjà été secrétaire dans l'afterlife. Je saurais faire de la comptabilité, répondre au téléphone et accueillir les clients.

OK ça c'était surement présomptueux de ma part, mais au vu de mon âge physique et de mon côté vampirique, fallait bien que je compense.


- J'ai seulement deux questions : Combien d'heure par semaine auriez vous besoin d'une secrétaire? Et la plus importante, combien je serais payé pour le faire ?

Cache ? Oui je l'étais. L'argent m'intéréssait, mais  j'avais aussi et surtout envie de m'occuper. Je n'allais pas lui dire comme ça, mais je ne compterais pas mes heures de travail, j'avais besoin de faire quelque choses de mes dix doigts, de me sentir utile. Ce n'était pas une utilité de fou, mais c'était déjà ça de prit.

Certains pourraient s'offusquer de sa question. Pour ma part, j'apprécie sa franchise. On sait tous que le monde tourne autour de l'argent, alors pourquoi se cacher d'en vouloir?

"Bien, si vous avez déjà les bases, le plus gros du travail est fait. Quand pourriez-vous prendre le poste?"

Le nombre d'heures par semaines... là c'est déjà plus compliqué de répondre.

"Je suis plutôt diurne, malgré notre léger différent avec le soleil. Pour tout dire, il y a bien deux générations que je n'ai pas occupé un poste à temps plein dans ma propre société. Mes horaires précis restent donc un mystère, pour l'heure. Je dirai qu'on parte sur des horaires de bureau. 8h/16h, quelque chose comme ça. On avisera par la suite. Si cela vous convient de la sorte."

Quand à la question du salaire, là, je suis davantage dans mon élément.

"Pour démarrer, vous aurez le minimum. 15dollars de l'heure. Enfin, si vous faites vos preuves... il est évident que la secrétaire du PDG gagne plus que la réceptionniste du rez-de-chaussée."

Je sors quelques papiers préparés d'avance d'un des tiroirs de mon bureau, les posant devant elle, accompagnés d'un stylo valant un tout petit peu plus qu'un stylo bic. Trois fois rien.

"Je peux me permettre de vous poser une question indiscrète, avant que nous ne concluions?" Je lui laisse le temps de me refuser cette permission avant de poursuivre. "Quel âge aviez-vous, lorsqu'on vous a transformé? Je ne fais pas grand cas des Volturis et de leurs règles... mais je tiens à ma tête. Essayez de paraitre davantage, c'est un conseil que je vous donne. Vous allez rencontrer beaucoup de monde, et je ne promet pas qu'aucun n'irait vous dénoncer à ces maudits ritals. S'il me faut risquer d'être un dégât collatéral de leur "justice", je ne vous soutiendrais pas."

Cela dit, je me cale dans mon fauteuil, étudiant sa réaction. Je n'ai rien contre elle. Seulement, je n'ai jamais été un fervent défenseur des causes désespérées. Et je tiens bien plus à ma propre vie qu'à n'importe quelle autre... exception peut-être de mon épouse et infant, Mina, bien que j'ignore même dans quelle partie du monde elle se trouve aujourd'hui. La moindre des choses est de la mettre au courant, qu'elle n'espère pas avoir un soutien de poids en ma personne.

Je tente d'être discrète en avalant ma salive. Là j'ai peur. Est-ce que j'ai fait une boulette en lui posant ces questions ? Je sais pas; j'ai jamais passé d'entretien quoi! Je n'ai pas besoin de respirer, c'est une chance, sinon elle se serait bloquée là et j'aurais du faire un effort surhumain pour qu'elle reparte. Je prends sur moi pour ne pas hurler de joie quand il me demande quand je pourrais commencer. je lui dirais bien maintenant, mais ça fait clle qui n'a rien à faire... Et en même temps c'est la vérité, j'ai absolument rien à faire ici. Voir mon père oui aussi, mais bon c'est pas le sujet là! Et les activités dans cette ville sont plutôt réduites, alors.

- Et bien, maintenant...

15 dollars de l'heure pour débuter! Je vais pas me plaindre et si je fais mes preuves, il ne termine pas, mais j'en conclus que ça sera pas dégueu comme salaire. J’acquisse d'un signe de tête. Je ne rétorque rien face à la différence de salaire entre la réceptionniste et sa secrétaire personnelle, ça serait plutôt mal venue. Je zieute deux minutes le stylo qu'il me tend. La vache ça a du lui coûter une blinde aussi ça. Je joue celle même pas impressionner, enfin j'essaie. Je prend la stylo, lorsqu'il pose la question qui fâche. je lui dirais bien: "On vous a pas apprit à ne pas poser cette question à une dame?" Mais non, déjà c'est pas mon genre et encore moins à mon futur boss. Je le laisse poser sa question. Mon âge ? A oui quand même!

- 14 ans. Ne vous inquiétez pas pour ça, j'ai déjà eu affaires aux Volturi. Ils me croient morte et enterrée, mais vous avez raison, je ferais attention, sait-on jamais!

Oui après tout dans l'afterlife, c'était l'afterlife quoi, mais ici, bin... j'en sais rien.
Un soutien de sa part ? Non je n'y crois pas, après tout je ne le connais pas. Je ne le demanderais pas même à mon père, il a déjà bien assez souffert par amour pour moi et je ne recommencerais pas.

Je m'avance vers son bureau. Je le regarde encore un instant, si jamais il a une autre question. Je lis le document et autant dire que je le lis en un rien de temps. Je paraphe les pages et je signe sur la dernière, après être sure que rien ne m'a échappé, les paragraphes écrit en tout petit t'sais!

"Maintenant", qu'elle me répond. Je jette un œil à la montre accrochée à mon poignet, songeant que je ne vais pas m'éterniser encore trois heures au bureau. Sauf si on m'annonce une explosion nucléaire dans l'atelier, mais j'ai quelques doutes.

"Bien. Vous n'aurez qu'à transmettre ces documents à ..." Je cherche le nom de mon assistante temporaire un instant, avant d'abandonner, purement et simplement. "au bureau à gauche en sortant."

14ans... j'avais raison de la trouver jeune, elle l'est. Qui est le sombre crétin de vampire qui a eu la brillante idée de la transformer à cet âge?! Non mais, quitte à se croire plus malin que les italiens et se faire un enfant immortel, tu le prend beaucoup plus jeune... là, c'était pas sorcier d'attendre deux ans de plus...
L'idée que les Volturis la croient morte et enterrée m'intrigue en revanche. Parce que les Volturis ne croient que ce qu'ils voient. Donc si ils la pensent morte, c'est qu'ils l'ont tuée, et s'ils l'ont tuée, elle ne devrait clairement pas être ici.

"14ans... Ok, ça ne me regarde pas. Sachez juste que la seule chose qui court plus vite qu'un vampire, c'est une rumeur. Ça ne viendra pas de moi, vous avez ma parole. Mais j'ai entendu dire que les Volturis étaient en ville dernièrement, alors, soyez discrète. C'est là le meilleur conseil que je puisse vous donner."

Je la laisse lire et signer le contrat avant d'appuyer sur un bouton de mon téléphone, et demander à mon assistante de songer à nous rejoindre. Ce qui veut dire attendre deux minutes avant de s'annoncer.

"Pour aujourd'hui, je vous laisserai avec la personne qui vous a accueilli. Elle vous fera visiter. Et vous montrera peut-être ce que vous avez à faire, si cela rentre dans ses compétences. Vous commencerez véritablement demain. Des questions?"

Tu signes ce contrat puis il t'invite à remettre les dossiers à la femme que tu as vu tout à l'heure qui t'a accueillit. Visiblement il n'a plus son nom en tête, il fera surement la même chose avec le tien, mais ce n'est pas grave, tant qu'il ne te siffle pas non plus pour t'appeler ça te va... enfin on verra bien.

- Ce sera fait!

Il te demande ensuite ton âge, celui où tu as été transformé. Tu lui réponds et finalement il te dit que ça ne le regarde pas. Mais il ne comprend pas c'est évident. Il ne peut même pas imaginer la force et le courage qu'il a fallu à ton père pour te transformer, pour te sauver, alors qu'il lui aurait été si facile de te tuer en buvant ton sang jusqu'à la dernière goutte. Il ne l'a pas fait de guetter de cœur, ton père, mais ça il n'en saura rien, ça ne le regarde pas. Il sait les Volturis en ville, très bien, tu redoubleras de vigilance, mais un jour l'un d'eux fera une bêtise et ce jour là tu seras là pour l'anéantir; si il pouvait s'agir de Caïus se serait le summum.

- Merci du conseil.

Tu lui en es reconnaissante, car il a beau dire qu'il ne t'aidera pas, il vient de le faire un peu en quelque sorte. Et c'est déjà énorme.
Il t'invite à suivre la dite dame qui t'a accueillit pour qu'elle te fasse visiter et t'expliquer le job. Et tu commencera véritablement demain, ça te va parfaitement.

- Non aucune.

Tu t'approches de lui pour lui serrer la main avant de t'approcher de la dame qui vient de faire son entrée. D'un geste elle te fait signe de la suivre. Tu la suis dans le couloir et la porte derrière vous se referme. Vous allez jusqu'à son bureau où tu lui donnes le fameux contrat signé et après plusieurs minutes à discuter du poste, tout du moins de ce qu'elle en sait, elle t'invite à visiter les différents bâtiments.

Bien. Elle a l'air volontaire, et d'avoir reçue une éducation correcte. Bons points pour elle. Elle devrait durer dans le métier. A mon service? Peut-être. Comme je l'ai dit, une secrétaire que je n'aurai pas envie de dévorer, c'est un avantage. Et il faut bien une vampire pour me supporter, dirait Mina. Sans doute avec raison, je dois dire.

"Pas de quoi."

Il ne me coute effectivement rien de la mettre en garde. C'est cependant toute l'aide que je lui apporterai. Je n'irai pas risquer ma tête et celle de mon épouse pour une immortelle, m^me si je dois avouer qu'à première vue, l'ordonnance des Volturis à leur égard ne s'applique pas à elle. Ce n'est pas un gosse de cinq ans incapable de différencier le bien du mal ou de jamais se contrôler. Elle me parait même plus mature que certains vampires adultes de ma connaissance.

Elle me répond qu'elle n'a pas davantage de questions, et je la raccompagne jusqu'à la porte de mon bureau, lui serrant la main avant de la laisser en compagnie de l'assistante. Si elle a d'autres questions qui naissent par la suite, la femme devrait savoir lui répondre. Pour ma part, je regagne mon bureau avant d'ouvrir l'écran de mon ordinateur, déterminé à faire quelques recherches.