CaractèreFabuleuses inepties que la science du mythique et de l'étrange. Mais je dois avouer que je suis forcé d'y consacrer un peu d'attention maintenant que nous savions qu'ils existaient. Je veux bien-sûr parler du genre humain... enfin... C'est une blague. Je tente de m'essayer à l'humour mais mes collègues m'assurent que ça n'est pas encore ça. Tant pis.

Je suis un naturel sceptique, parfois même étrange d'après mes collègues. Il est vrai qu'il m'arrive de cesser de parler pour réfléchir. Le calme est bien plus agréable pour faire marcher mes méninges. Certains disent aussi que je suis un enfoiré fini sans empathie ni tact. A quoi bon mentir à un patient ou à sa famille alors que l'on sait que sa fin est proche ? Il ne sert à rien de prendre des gants pour ce genre de choses. D'autres soutiennent que j'agis de façon réellement étrange. Mes recherches sont-elles si étranges que ça ? Je n'en suis pas si sûr, c'est vous, pauvres idiots, qui ne comprenez pas l'étendue de mes expériences. Orgueilleux, me dites vous ? Savoir que je suis plus intelligent que vous vous énerve. Vous vous étouffez dans votre jalousie.

Oh je ne suis pas sans coeur contrairement à ce que certains disent. Mais mon intérêt pour les choses sentimentales sont limitées. Je préfère ne pas m'encombrer de sentimentalisme. La déduction et la recherche seules sont mes vraies raisons d'exister.
Je fais par ailleurs preuve d'une certaine froideur et de recul lorsqu'il s'agit de soigner d'autres êtres humains. Tous semblent penser que le malheur des gens que j'opère et la mort que je côtoie ne m'affectent pas. Ils ont tord. Je suis fasciné par le corps humain et aime à passer un certain temps à la morgue pour le comprendre plus en détail. Oh, on sait déjà presque tout de lui, mais j'aime pousser ma curiosité plus loin que ce que je sais déjà. Voilà pourquoi le métier de médecin était parfait pour moi.

Je ne suis point affable et n'écouterais que ce qui m'intéresse. Et encore. Éternisez vous dans de longues explications et mon esprit vagabondera ailleurs, loin, très loin de vos futiles paroles. Épanchez vos états d'âmes et je fuirais comme la peste vos maux. Je préfère m'attarder sur la mécanique du corps plutôt que sur la mécanique de l'âme.

Ta petite histoire
Mes parents ont toujours aimé les prénoms... avec une forte signification. Mais la société étant telle, je ne pu porter le prénom de Carlyle comme premier prénom et j'en étais plus que ravis. Je trouvais ce prénom si peu... noble. Bien qu'il ait tout de même pour origine le gallois. Une forteresse inébranlable, rien que ça. Je préférais Arthur, la signification n'était pas obscure et tout le monde savait d'où cela venait du moment qu'ils n'étaient pas allergiques à la culture. Ce qui semblait être malheureusement le cas dans ce monde de personnes qui préféraient réfléchir avec leurs sentiments plutôt que de réellement laisser leurs neurones se connecter.

M'étendre sur mon enfance et ma naissance, très peu pour moi. Je suis né dans une ancienne famille de nobles Britanniques. Cependant, nous n'avions de noble que notre illustre nom qui résonnait encore parfois au Parlement, mais sans plus. Loin d'être ruinés, nous n'étions pas dans les plus grosses fortunes du pays. Grand bien nous fasse, car j'avais apprit très tôt les vraies valeurs de la vie. J'ai toujours été qualifié d'étrange et de curieux. Même si l'adjectif d'intelligent revenait sans cesse. Plus jeune, je me complaisais dans ces jeux d'imagination que j'ai complètement abandonné avec l'âge. La recherche étant bien plus plaisante que de jouer aux... pirates.
J'ai toujours été à part, portant sur le monde qui m'entourait un regard quelque peu apathique. Les sentiments dont faisaient preuve les gens, je ne les comprenais pas et je ne cherchais, et ne cherche toujours pas, à les comprendre. Certains me qualifièrent de sociopathe, peut-être bien, qu'en ai-je à faire ?

Ma fratrie était également compliquée. Nous ne croulions pas sous les effusions d'amour pour les autres si bien que nos noëls avaient un goût fade et morne. Pourtant, mes parents étaient des gens tout ce qu'il y a de plus normal. Mais il fallait croire que leurs gênes de normalité n'avaient pas été transmis aux enfants.
Depuis ma plus tendre enfance, j'étais seul, bien trop différent des autres enfants pour les intéresser. Si au début cela m'attristais, j'ai bien vite comprit qu'il ne fallait pas que je m'encombre de tout cela. Aussi finis-je par me complaire dans ma solitude au point d'en faire une amie particulièrement loquace. Durant des années elle fut la seule à réellement m'écouter et apprécier mes études. Oh, bien sûr, j'ai côtoyé le genre humain durant mes années de scolarité. J'ai dû me montrer sociable, enfin, essayer. Cela ne m'a jamais manqué, la sociabilité. Ca n'est qu'une fois dans mes études pour devenir un éminent charcutier du corps humain qu'on me laissa tranquille. J'étais bien trop étrange et mon intelligence en décourageait plus d'un. Ou alors était-ce de la jalousie ? Quoi qu'il en soit, j'en eu bien vite marre de ces grandes villes où foisonnaient les interactions humaines. Si j'appréciais Londres, elle devint bien vite une prison pour moi, enfermé à charcuter et explorer des corps humains. Je n'avais plus la place pour les folles expériences dont j'aimais la tournure qu'elles prenaient parfois.

C'est d'ailleurs lors d'une d'elles que j'appris que le gêne des sorciers, contrairement à celui de la normalité, s'était parfaitement transmit chez moi. Quelle drôle de sensation d'être parcouru par une énergie semblable à une faible électricité. C'eut été excitant. J'ai bien tenté de reproduire l'expérience plus tard mais rien. L'expression de cette magie naissante paraissait de nouveau s'effacer, s'occultant complètement de ma vie. Qu'à cela ne tienne, je n'avais pas besoin de l'expression d'un mythe en moi pour continuer à explorer les vastes chemins inconnus de la science.

Je quittais donc Londres, sans regrets, pour une petite bourgade bien tranquille. Les gens étaient bien moins regardant sur ce que je pouvais faire à la morgue et les jugements se faisaient moins incisifs. Si mes collègues, à mon arrivée, tentèrent d'établir un lien, ils abandonnèrent bien vite. Sauf une personne particulièrement acharnée dans son idée de me faire abandonner ma très chère solitude. Cette charmante demoiselle, qui ne laissait pas mes yeux d'hommes insensible, s'entêtait à me parler et à me questionner sur ma vie, mes hobbies ou bien sur mes expériences d'un glauque sans nom. Au début, sa présence était étrange, presque insupportable, puis avec le temps, j'appris à apprécier la routine de ses paroles et de ses gestes. Pouvait-on dire qu'elle était ma première amie ? Sans doute. En tout cas, c'est elle qui me fit détourner les yeux de ma belle solitude, point jalouse de mon infidélité. Je me surpris, au fil des jours, à apprécier de plus en plus sa compagnie, son habitude de me corriger lorsque je faisais quelque chose qui n'était pas acceptable pour cette société. Elle fut la première humaine vivante à me décrocher un sourire sincère. Cependant, loin de moi l'idée de céder aux sentiments. Il n'y avait rien entre nous, enfin, peut-être qu'elle avait des attentes. Je restais parfaitement insensible, aveugle même.

Ca n'est que lorsque je fus transporté dans cette boucle temporelle défiant toutes les lois de la relativité que je compris qu'elle était plus qu'un simple visage que je croisais si souvent qu'il était devenu une habitude pour moi de le voir. Je passais un long moment à tenter de comprendre ce qu'il se passait. Mon intérêt pour la mécanique du corps humain se dissipa pour faire place à une curiosité certaine pour l'étrange, l'occulte et le mythique. Puisque dans cette ville d'où on ne pouvait sortir, tout semblait possible. Si mes pouvoirs de sorciers m'avaient interrogés sur la possibilité d'un quelconque monde surnaturel, Blackstone me le confirmait. Je découvris les vampires, les loups-garous, les métamorphes, les sorciers et même les hybrides, cette population qui pouvait être jugée hérétique dans la logique des choses. Toutes mes croyances scientifiques venaient d'être bouleversées par un simple phénomène pourtant impossible. M'enfin, je devais cesser de croire que l'impossible n'était pas possible.

Ce fut une année et demi qui s'écoula au sein de cette ville. Une année où j'avais complètement occulté mon métier de boucher saint sauveur pour n'être plus qu'un homme de science qui cherchait à comprendre et à défaire ce maléfice improbable. Et plus les jours passaient, plus je me rendais compte que la routine de voir son visage me manquait. Je ne pouvais cesser de m'inquiéter à son sujet malgré mes vaines tentatives pour réfréner ces pensées uniquement mues par mes sentiments. Comme si je ne l'avais jamais quittée, la douce solitude me reprit dans ses bras, m'écoutant, affable, comme autrefois.
Puis l'année égrainée s'effilocha pour finalement disparaitre, "comme par magie". Tout était redevenu normal grâce à l'innovant sang synthétique de deux personnes dont le nom m'échappait quelque peu. Je ne m'étais jamais vraiment tenu au courant de ce qu'il se passait autour de moi, sauf si cela pouvait étayer ma curiosité et ma soif d'apprendre.

Mon corps avait vieilli là où mon esprit m'assurait que je n'avais vécu qu'une seule année dans cette ville étrange. Se pourrait-il qu'il eut autre chose avant ? Ma soif de comprendre me poussa à explorer les multiples possibilités toutes plus farfelues les unes que les autres. Je désirais savoir, comprendre le mythique et l'occulte. Mais mes recherches demeuraient infructueuses. Aussi, pis-je la décision de laisser tout ça de côté pour retrouver ma morne routine de boucher saint sauveur du genre humain.

Je les retrouvais, ma routine et son visage. Et de nouveau, je laissais ma solitude s'en aller, tel l'infidèle que j'étais. Le monde n'était plus pareil. Il souffrait d'affres dont nous avions été exempts dans notre prison temporelle. La savoir en vie fit naitre en moi un sentiment de soulagement que j'eus du mal à comprendre. Cependant, égal à moi-même, je ne montrais rien d'autre que mon visage aux émotions effacées.
Les vampires n'étaient désormais plus un secret pour le genre humain. Qu'en était-il du reste ? Des autres mythes que j'avais côtoyé ? Rêve ou réalité ? J'avais du mal à saisir ce qui fus réel et ce qui n'était que le fruit de mon imagination.

Enfin bon, l'essentiel était que j'avais retrouvé ma morne routine ponctuée de quelques expériences piquantes. J'avais commencé à m'intéresser aux enquêtes et à démêler le vrai du faux, aussi, parfois m'amusais je à résoudre quelques enquêtes. Rien de bien excitant. J'avais de la chance d'être un médecin, on ne m'interdisait jamais vraiment les scènes de crime. Et puis, il était tellement simple de tordre la vérité.

Et jamais, au grand jamais, la magie dont j'avais fait preuve il y a quelques années ne s'était manifestée de nouveau. Si cela avait un côté frustrant, je finis par l'occulter pour me concentrer sur autre chose de bien plus intéressant.