Ils étaient ici depuis quelques semaines à peine. Quelques semaines depuis qu’il était rentré au pays pour faire face au drame ayant eu lieu dans sa famille, alors que lui-même se remettait de sa dernière mission, pour trouver sa sœur en train de le fixer, le regard à la fois vide et follement expressif. Il avait vu à la fois le néant et une tempête, un trou noir qui menaçait de les engloutir tous les deux alors ils étaient partit. La maison familiale était en vente et eux, ils s’installaient dans une bourgade du nom de Forks avec les quelques meubles embarqués dans leur départ précipité. Pas grand-chose en réalité, le lit de Freya, des livres, des habits… des assiettes en carton, et leurs économies. Cela faisait plusieurs jours que Persès dormait à même le sol, ce qui expliquait sans doute le fait qu’il ressemble à un mort vivant alors qu’il rentrait à pied du collège où il avait désosé sa sœur. Cette dernière avait failli le rendre dingue ce matin, elle ne voulait pas y aller et s’était mise à trouver les excuses les plus farfelues possibles. Elle avait l’impression qu’elle avait une fièvre très rare qui allait la changer en licorne, son professeur de mathématique était un espion envoyé par la CIA, elle s’était même accroché à son siège dans la voiture avant qu’il ne se retrouve à hausser la voix en lui expliquant que si elle n’y allait pas, elle allait finir dans une émission de télé réalité, pensant qu’une DMLA était une variété de tomate, avec le pays entier se fichant de son manque de culture. Vu son mépris pour ce genre de programme, Freya avait bondi hors de la voiture en affirmant qu’elle ne serait jamais comme ça (non sans lui éclater les joyeuses avec son sac de cours en le frappant) avant qu’il reparte. Alors pourquoi rentrait-il à pieds ? Sa caisse avait eu la brillante idée de tomber en panne. Comme s’il avait de l’argent à balancer par les fenêtres…

Il était en train de chercher ses clés quand ses sourcils se fronçaient. Il y avait quelqu’un devant sa porte. Une silhouette qu’il ne connaissait pas – ce qui ne voulait rien dire, vu qu’il ne connaissait personne dans cette ville – mais qui provoquait chez lui la méfiance habituelle alors que sa main tatonnait sa poche pour vérifier qu’il avait toujours son couteau sur lui. Il lui fallait au moins ça pour faire face à un étranger, histoire de le tailler en pièce si c’était un danger potentiel. Hum ? Pas très sympa ? Il était grognon quand il manquait de sommeil… et que sa voiture venait de le lâcher en plus.

— Je peux vous aider ? demandait-il, son timbre de voix indiquant clairement que voir cette personne lui déplaisait fortement. Si vous cherchez la route, c’est à environs 200m d’ici.

Même un idiot verrait que son langage corporel criait : casse-toi tue pue, et marche à l’ombre. On n’allait quand même pas l’accuser de tapage, alors que ses voisins étaient les écureuils et à plusieurs mètres de lui pour les êtres humains… enfin, les habitants des maisons alentours quoi.