Je suis né à Forks, au sein de la réserve naturelle où vive une poignée de Quileute : La Push. Nous nous considérons comme un peuple à part entière, faisant partit de la race Humaine mais à la culture et aux moeurs complètement différents de nos semblables. Lorsque j'étais enfant et jeune adolescent, je voyais cela comme une punition. Oui, nous étions protégés du monde extérieur, nous n'allions pas à l'école et nous ne sortions que peu, ayant toutes les commodités à proximité et vivant sur nos ressources, mais à mes yeux, nous n'étions pas "normaux". Mon père me passait des savons quand je lui en parlais. Nous étions "normaux" simplement "différents". Des mots qui, à sept, huit ou neuf ans, se ressemblent. On ne se mélangeait pas, on voyait peu les habitants de Forks et nous vivions reculé de tout. Malgré l'évolution des mentalités, j'avais l'impression que la notre stagnait.

Je compris plus tard que lorsque les progénitures commençaient à devenir adulte, on leur lâchait la bride. En effet, à l'âge de quinze ans, j'eu réellement le droit de sortir, de rencontrer du monde et d'apprendre tout ce que je n'avais pu. Non pas que je ne savais rien de l'extérieur, simplement je ne m'y étais pas vraiment confronté. C'était la vie que nous menions. Sauf que pour moi, cette liberté était chère et je ne voulais l'abandonner pour rien au monde. Bien sûr, j'exagère peut-être quand je dis que nous ne fréquentions personne... Les gens ne venaient pas à La Push, mais les adultes de la réserve avaient sympathisé il y a très longtemps, avec certains des habitants. Comme mon père, qui passait beaucoup de soirs chez Charlie, un de ses meilleurs amis. Ils étaient un petit nombre dans ce cas là et à mon sens, ce n'était pas plus mal. Ça nous rapprochait, ça nous faisait sortir de notre tanière.

Je pense qu'à cette époque, j'avais trouvé un équilibre. Je sortais de temps en temps pour voir du pays et sinon je passais la majorité de mon temps libre à bricoler une vieille voiture pleine de rouille. Ca me vidait la tête et j'éprouvais de la sérénité à tenir une clé de douze. De toute manière, on ne pouvait pas dire que j'étais du genre exubérant au contraire, je préférai limiter le contact social... Par timidité disons. Le manque de confiance en moi était assez probant mais c'était une étape cruciale. A aujourd'hui, je suis convaincu qu'il fallait que j'en passe par là.
Lorsque la vieille caisse fut réparée et en état de marche, je la conduisis, sur demande de mon père, à la nouvelle venue : Isabella Swan. Une amie d'enfance que j'avais un peu perdu de vue après le divorce de ses parents. Cette fois-là a été l'occasion de se retrouver. Le problème était que nous étions aussi loquace l'un que l'autre, ce qui n'aidait pas les échanges...

Enfin, cette année fut une des plus mouvementés. Je pense que entre mes quinze et dix-huit ans, ce fut la meilleure période de ma vie. J'ai beaucoup souffert certes, mais j'ai beaucoup aimé aussi. Bella était quelqu'un de singulier, d'attachant. Elle m'attirait comme un aimant et on sortait souvent ensemble. C'était agréable, j'avais une vraie amie à qui je pouvais parler d'un paquet de choses, même des histoires farfelues de mon clan. Elle ne me jugeait pas. L'histoire des Sang-Froid l'avait bouleversé à l'époque. On était des gamins, mais elle avait l'air de laisser le bénéfice du doute à ces légendes. Plus tard, je compris que c'était à cause de ses fréquentations : les Cullen. Avec pareille famille, il y a de quoi se poser des questions. Je ne saurai dire si aujourd'hui elle regrette ou non car, à chaque fois qu'elle sortait quelque part, elle fonçait dans un traquenard ou y tombait par mégarde, et c'était à l'hôpital que Charlie allait la chercher.

D'ailleurs, au bout d'un moment ça inquiéta mon père et il me conseilla de restreindre mes visites. Ce que je fini par faire, car je ne pouvais pas lutter contre mon destin.

Le passage de la transformation a été traumatisante tant pour mon corps que pour mon esprit. J'ai failli blessé les autres et je me suis blessé moi. C'était terrible mais je l'ai surmonté et nous y avons tous survécu. Car il le fallait. Les Quileutes ne sont plus un secret pour moi et je me suis rapproché des miens et j'ai oeuvré pour eux. En quelques mois, tout changea et je fini par éviter totalement la brune. De toute manière elle ne m'intéressait que peu, j'avais d'autres priorités. Elle, en plus, sentait encore le vampire à plein nez. Je trouvais Bella changer. Plus les mois passaient, plus elle... N'était plus la même. Il a fallut que je mute pour comprendre pourquoi. Elle avait l'odeur des Vampires sur elle. Ce musc âcre qui me piquait la gorge et le nez et malgré moi, avant même de savoir la vérité, je le sentais et ça me dérangeait. Au fond de mon âme, je luttais.

Mais elle était têtue, méfiante et passablement agacée. Edward était partit et sa famille également. Alors elle chercha à revenir vers moi : le bon pote. Sauf que j'étais sur le qui-vive. Une menace rôdait, et je ne pouvais pas la laisser faire. Ceux que je haïssais étaient devenus des frères et j'en étais naturellement leur leader. Sam, Uley, les Clearwater... Ils avaient passé le pas avant moi. J'ai été le dernier, le plus en retard, comme d'habitude. Mais mon intégration s'est faite totalement. Sauf que Bella ne comprenait pas, elle ne les appréciait pas et était persuadée qu'ils avaient fait de moi un mauvais gars. Malheureusement, elle ne se remettait pas vraiment en question de son côté non plus mais, hélas, cela n'avait rien à voir ni avec eux, ni avec elle. Ainsi elle vint me chercher, chez moi, bravant la défiance de mon père pour me trouver aliter dans le lit en train de ronfler comme un nouveau-né. Je l'avais interdit de venir me retrouver, mais c'était une Swan et on n'interdisait pas grand chose à ce genre de créature. Elle aperçut cependant les gars par la fenêtre et elle ne se gêna pas pour aller coller une racler à Paul, l'insultant en lui postillonnant au visage. Paul... Elle aurait pu faire ça avec Sammy, ou quelqu'un d'autre mais Paul... Quelle MAUVAISE idée, comme toujours ! Alors nous nous sommes révélés à elle. Lui il a perdu le contrôle et moi j'ai senti le reste depuis mon matelas. En moins de deux minutes j'étais en train de mordre l'encolure de mon gars, alors que nous nous poursuivions dans la lande forestière. C'était quelque chose de lourd et de grave, mais comme à son habitude, elle prit ça avec calme et parcimonie. Cette fille ne pouvait pas être normale ? Et juste... S'enfuir en courant et déménager et ne jamais rien dire de tout ce qu'elle avait découvert ? Bien évidemment : non.

Elle n'écoutait jamais rien. Ni les interdits, ni les supplications. Elle m'abandonna alors une nouvelle fois lorsqu'elle apprit qu'Edward avait confondu la mort d'Henry le pêcheur avec celle de Bella la nouille. C'était un duo de choc ces deux là. Alors elle fila en Italie et ça me restait bien. Paul essaya de me réconforter mais disons que le pire n'était pas là. Tant qu'elle était à Forks, je pensais que je pouvais la récupérer et bizarrement, je sentais qu'elle reviendrait. Alors j'étais plein d'espoirs, je me disais que quand Victoria, la menace rousse, viendrait la tuer pour venger Laurent, elle me tomberait toute cuite dans les bras. Mais en fait elle joua avec moi, malgré elle, malgré nous et partie définitivement vers Edward. J'appris quelques semaines après qu'ils allaient prononcer leurs voeux saints pour s'unir pour l'éternité.
La poisse.

Et alors que je pensais enfin être tranquille et ne plus avoir de rebondissements dans ma vie de pauvre type en chagrin d'amour constant, je fini par apprendre que Bella en plus de porter le nom de famille des Cullen avait les yeux rouges, l'existence d'une fille du nom de Renesmée ainsi que l'arrivée d'une armée de vampires, là pour anéantir le village, les Cullen et les Quileutes. Alors on dû organiser cette bataille, unir nos forces, passer sur notre histoire commune elle et moi et les Sang-Froid et les loups, pour gagner cette bataille. Une famille de vampires nous fit l'honneur de leur visite : les Volturi. Un nom que j'eu du mal à retenir. C'était sanglant mais c'était ce qu'il fallait. A l'issue de tout cela, nous devions revoir quelques closes du traité et de tout ce qu'impliquait l'agrandissement de la famille Cullen.

Bella n'a jamais réellement quitté ma tête. En temps qu'amour, puis en temps qu'amie. Dorénavant, sa place est faite mais ce n'est plus la même. Elle a changé, elle s'est transformée, elle s'est unie et elle a enfanté. Quelque chose -ou plutôt quelqu'un- nous lie encore : sa fille. Pour le bien de tous, j'ai accepté cet acte de paix, même si je ne me sens pas à l'aise avec. Car je ne le fais pas pour moi, je le fais pour la réserve, les Quileutes, les habitants de Forks et les générations à venir. Je n'ai rien d'un héros même si la moindre des choses pour un leader, est d'accepté d'agir comme tel.